Comme bien des bâtiments agricoles qui ne correspondaient plus aux attentes de l’agriculture moderne, ce petit bâtiment était tombé dans l’oubli. Le premier travail a été de le restaurer puis de lui retrouver une fonction : lui redonner vie. Tout naturellement, il a retrouvé des animaux : une dizaine de poules et un coq, dont le chant résonne dans la vallée de l’aube au crépuscule…
Il n’était pas possible de conserver les anciennes portes : rafistolées, bricolées, vermoulues… Elles sont tombées d’elles-mêmes. Il a fallu en créer de nouvelles.
Voici donc les questions que nous nous sommes posées et les réponses que nous avons trouvé pour les réaliser. La technique est assez simple et j’espère que vous pourrez facilement vous en inspirer.
1. Quel modèle?
Les modèles des portes anciennes de dépendances agricoles sont d’une richesse exceptionnelle. Encore fois, ils sont bien loin de tout souci de normalisation qui s’impose aujourd’hui dans nos architectures. Portes charretières, portes de l’étable, portes d’accès au fenil, portes d’étable, de poulailler, de cave… Toutes révèlent l’ingéniosité des anciens propriétaires des lieux et parfois même d’artisans plus savants (tailleurs de pierre, menuisiers, serruriers) à travers des décors plus ou moins ouvragés selon la période et le type de construction.
Toutes ces portes ont pourtant une fonction première : occulter et protéger les ouvertures.
Il nous fallait donc trouver un modèle qui satisfasse à cette fonction première, s’intègre discrètement dans l’édifice et dont la réalisation soit techniquement à notre portée.
2. Quel type de bois?
Première exigence : un bois français et de préférence local. Au large les bois exotiques : qu’ils restent tranquilles à pousser dans leurs forêts…
Deux bois sont particulièrement adaptés pour les menuiseries extérieures (à part le robinier – ou faux acacia – aux qualités exceptionnelles mais que vous ne trouverez que “brut” et seulement en scierie ) : le châtaignier et le chêne.
Le châtaignier a des qualités supérieures au chêne en extérieur mais ce dernier reste un très bon choix.
Comme j’avais du chêne en réserve, j’ai donc choisi cette essence.
3. Comment les réaliser?
Pour réaliser ces portes, j’ai choisi deux modèles. Le premier est assez facile à réaliser avec une scie circulaire, voir même une simple scie égoïne. Le second est un peu plus compliqué et demande un équipement plus conséquent.
Le principe de ce modèle est le suivant : un premier jeu de planches (ici 14mm d’épaisseur) sont jointées à l’horizontale et un second jeu, à l’arrière, sont jointées à la verticale. L’ensemble est fixé avec clous qui doivent ressortir d’environ deux centimètres à l’arrière de la porte et seront repliés au marteau.
Ici, les planches sont différentes les unes des autres (différentes largeur) et la largeur entre les deux extrémités d’une même planche est, elle aussi, différente. La porte est recoupée aux mesures exactes à la toute fin. Mais rien ne vous y oblige, des planches plus calibrées feront aussi l’affaire. Mais sachez que l’impression générale sera plus uniforme.
Dans une zone exposée aux éléments naturels, il est préférable d’orienter les planches extérieures dans le sens vertical (évacuation des eaux de pluie).
L’assemblage des planches a été fait à “mi-bois”. En effet, le chêne joue et travaille sous l’action des éléments naturels et de l’hygrométrie. Des jours, parfois importants, peuvent apparaître avec le temps entre les planches. L’assemblage a mi-bois permet de prévenir ce jeu mais vous pouvez aussi assembler à joints vifs.
Traditionnellement, ce type de porte est réalisé avec des clous en fer forgé, enfoncés et repliés à chaud – chauffés au rouge – (il faut être deux personnes pour ce travail) puis refroidis à l’eau.
Ici, je ne disposais que de clous en acier à tête plate, tout simples, mais je suis assez satisfait du résultat.
Vous trouverez facilement des clous en fer forgés, de belle qualité, et à des prix raisonnables, à la Clouterie Rivierre qui est une des dernières usines de clous française : Clouterie Rivierre
La finition de la porte a été faite avec une huile de Tung pure. Je n’utilise jamais d’huile de lin sur les bois (ou alors exceptionnellement de l’huile de lin cuite – plus siccative -). Je trouve qu’elle les rend “spongieux” et je n’aime pas ce ton jaunâtre qu’elle leur donne et qui s’accentue avec le temps.
L’huile de Tung pure a une très bonne tenue dans le temps et fonce beaucoup moins les bois.
Un second modèle de porte
Un modèle plus complexe a réaliser tout seul, car il demande du matériel de menuiserie, cette porte en chêne est assemblée à tenons-mortaises. Les panneaux centraux sont juste insérés dans des rainures ménagées dans les montants (pour pouvoir jouer librement). Les deux panneaux du centre sont assemblés et collés avec de petites chevilles.
Ici, le chêne est encore brut et n’a pas encore été traité avec de l’huile de Tung. J’aurais aimé garder le bois brut et le laisser griser avec le temps mais, finalement, j’ai préféré passer une couche de protection, pour éviter des marquages en profondeur. Maintenant, laissons le temps faire son œuvre.
Pour fixer cette porte et assurer une parfaite fermeture (sécurité), un bâti dormant a été réalisé avec un assemblage a enfourchement.
La partie dormante a ensuite été fixée avec des vis et des chevilles dans la feuillure en pierre de l’ouverture.
Les jours ont été bouchés avec un mortier de plâtre gros/chaux aérienne/sable, qui a ensuite été gratté pour dégager les grains de sable. Le résultat est donc très discret.
Et pour finir : un loquet en bois de cormier. Plus élégant, quand même, qu’un verrou moderne en inox…