Bien qu’il soit utilisé depuis la plus haute antiquité, le plâtre est mal connu. Peut-être est-ce dû à son utilisation qui resta localisée, pendant des siècles, à proximité des carrières de gypse. Peut-être aussi parce qu’il est réputé fragile, facilement dégradé par l’eau… Pourtant, il n’est est rien : bien employé, il peut devenir extrêmement dur et résistant. Seulement voilà : il relève de savoir-faire précis.
Le plâtre est obtenu par la calcination lente du gypse, sulfate hydraté de calcium naturel.
C’est un matériau sain. Malheureusement, sous la pression croissante des contraintes environnementales sur les sites de production, le gypse de carrière risque d’être progressivement remplacé par les gypses synthétiques : phosphogypse, sulfogypse, titanogypse, borogypse…
À la cuisson, le gypse perd ses molécules d’eau et devient plâtre qui sera broyé et tamisé.
Sur le chantier, l’eau de gâchage lui restitue ces molécules perdues. Le plâtre redevient alors du gypse, aussi dur que de la pierre.
On comprend donc aisément qu’un plâtre naturel non « adjuvanté » soit un matériau intégralement et éternellement recyclable. Si, lors de travaux, vous rencontrez ce type de plâtre, ne jetez rien! Il vous suffira de le recuire pour pouvoir l’utiliser à nouveau.
Un des plâtres qui se rapproche le plus de ces plâtre anciens est le plâtre gros. Il tire son nom de sa mouture grossière.

Le plâtre gros est encore utilisé aujourd’hui pour les enduits extérieurs qui ne doivent jamais être réalisés au plâtre fin. En effet, ce dernier donne des enduits poreux, sensibles à l’humidité, qui, en faisant gonfler le plâtre provoque sa désagrégation. Vous connaissez certainement ces enduits sous le nom de « enduit du Marais » car c’est ainsi qu’étaient réalisées les façades des anciens immeuble de ce quartier de Paris. Le plâtre gros est encore produit dans la région parisienne. Il convient d’utiliser uniquement du plâtre gros de construction (P.G.C.) conforme à la norme NF en cours, et fabriqué sans aucun adjuvant.

Traditionnellement, la formulation de l’enduit est la suivante :
– 1 volume de chaux aérienne
– 2 volumes de sable
– 3 volumes de plâtre gros
On peut faire varier la composition de cette formule de base en augmentant la proportion de chaux par rapport à celle du plâtre (avec l’inconvénient d’une mise en œuvre plus difficile) pour obtenir des mortiers plus souples en fonction des supports. On peut aussi augmenter la proportion de sable pour la couche de finition selon la qualité et l’aspect souhaités.

Outre les enduits extérieurs, les applications du plâtre gros sont nombreuses : additionné de colorants naturels ou artificiels (attention à la tenue des couleurs aux UV et dans le temps), de sables colorés, de végétaux (paille, osier, chanvre, sciure, copeau…), brique pilée, nacre de coquillage suivant l’esthétique ou les contraintes mécaniques à obtenir, la liste n’est pas limitative.
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